Pour ce top 10 sur la dernière décennie, il nous est apparu assez logique et évident de faire un classement selon le modèle suivant : une année, un film, dans l'ordre chronologique croissant. Dans presque tous les cas, le choix a cependant été très difficile, et le résultat est évidemment hautement subjectif. Spoiler : vous ne serez pas toujours d'accord.
2010 : Black Swan, de Darren Aronofsky
On navigue entre noirceur, sensualité et folie dans ce thriller envoûtant qui frise la perfection esthétique. Natalie Portman y est tellement impressionnante que ces messieurs de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences ont décidé de lui décerner l'Oscar de la meilleure actrice, et les chorégraphies de Benjamin Millepied sont un régal.
Dans notre shortlist cette année-là : Inception de Christopher Nolan, Shutter Island de Martin Scorsese, Toy Story 3 ou encore Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar.
2011 : Melancholia, de Lars von Trier
Lars von Trier est un sacré provocateur, mais c'est surtout un génie. Cette année-là, il avait choqué la Croisette en tenant des propos pour le moins tendancieux lors de la conférence de presse suivant la projection de Melancholia. Reste que ce film est l'un de ses meilleurs, peut-être le plus beau à tous points de vue. On y suit le destin d'une famille dans la tourmente alors qu'une comète se dirige inexorablement vers la Terre. Absolument sublime.
Dans notre shortlist cette année-là : Drive de Nicolas Winding Refn, La piel que habito de Pedro Almodóvar, Take Shelter de Jeff Nichols ou encore The Tree of Life de Terrence Malick.
2012 : Skyfall, de Sam Mendes
Alors oui, ça peut paraître étrange de retrouver James Bond dans un tel classement. Mais celui-ci est sûrement l'épisode le plus abouti des aventures de l'espion britannique, en termes de récit comme de mise en scène. Et puis M, bordel... quel final !
Dans notre shortlist cette année-là : Holy Motors de Leos Carax, Moonrise Kingdom de Wes Anderson ou encore Laurence Anyways de Xavier Dolan.
2013 : Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese
Rappelez-vous comme vous avez ri devant ce film ! Grandeur et décadence du pire des salauds, un enfoiré qui vous pique tout votre pognon pour le dépenser dans toutes les drogues possibles et imaginables, tapées dans des fêtes aux proportions dantesques... et pourtant on s'y attache. La magie du cinéma, et le talent de DiCaprio, la perspective géniale de Scorsese qui, une fois encore, est le parfait témoin de son époque. Un chef-d'œuvre aussi pop que cinéphile.
Dans notre shortlist cette année-là : Gravity d'Alfonso Cuarón, La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche, Inside Llewyn Davis des frères Cohen, ou encore A Touch of Sin du grand Jia Zhangke.
2014 : Interstellar, de Christopher Nolan
Une révolution. Nolan parvient, on ne sait trop comment, à nous faire appréhender des concepts aussi complexes que l'infini ou le voyage dans le temps, à les rendre "possibles", le tout par l'intermédiaire d'une documentation scientifique presque toujours juste et des personnages ultra attachants. Probablement le plus grand film de science-fiction après le 2001 de Kubrick.
Dans notre shortlist cette année-là : Whiplash de Damien Chazelle, Night Call de Dan Gilroy, Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan, Sils Maria d'Olivier Assayas et Birdman d'Alejandro González Iñárritu.
2015 : The Revenant, d'Alejandro González Iñárritu
Rien que pour l'incroyable plan-séquence d'ouverture. Et l'Oscar de Leonardo DiCaprio, obtenu, c'est le cas de le dire, à la sueur de son front.
Dans notre shortlist cette année-là : Mad Max : Fury Road de George Miller, Spotlight de Tom McCarthy, 3 souvenirs de ma jeunesse d'Arnaud Desplechin, The Lobster de Yórgos Lánthimos et Mon Roi de Maïwenn.
2016 : The Nice Guys, de Shane Black
Dans une délicieuse ambiance 70's, l'improbable mais génial duo Gosling/Crowe tente de se dépatouiller d'une affaire de meurtre puis de disparition les faisant pénétrer les deux pieds en avant dans le milieu pornographique du Los Angeles de l'époque. Reprenant avec quelque dérision les codes du polar, ce film est surtout à mourir de rire, du début à la fin, notamment grâce à un Ryan Gosling étincelant.
Dans notre shortlist cette année-là : Paterson de Jim Jarmusch, Mademoiselle de Park Chan-Wook (j'aurais peut-être dû mettre celui-là en fait, exceptionnel !), La La Land de Damien Chazelle, Toni Erdmann de Maren Ade ou encore Juste la fin du monde de Xavier Dolan.
2017 : Phantom Thread, de Paul Thomas Anderson
Dire que j'ai beaucoup aimé le film serait un euphémisme. Dire que chaque scène, chaque plan, chaque mouvement de caméra est un émerveillement se rapproche sans doute plus de la vérité, aussi peu objectif ce concept soit-il. Phantom Thread est un chef-d'œuvre, et Paul Thomas Anderson un génie.
Dans notre shortlist cette année-là : 120 battements par minute de Robin Campillo, Dunkerque de Christopher Nolan, Call Me by Your Name de Luca Guadagnino, Mother de Darren Aronofsky, Song to Song de Terrence Malick ou encore La Forme de l'eau de Guillermo del Toro.
2018 : Spider-Man : New Generation de Bob Persichetti et Peter Ramsey
Voilà un film qui accomplit donc l'exploit de réunir en un seul objet filmique hybride tout ce qu'on aime dans le cinéma et tout ce qu'on kiffe dans les comic books, et relance ainsi un genre un peu trop oublié du grand public, celui de l'animation pour adultes. Et puis il en fallait bien un à un moment, un film d'animation.
Dans notre shortlist cette année-là : Hérédité d'Ari Aster, Burning de Lee Chang-Dong, Une Affaire de famille de Hirokazu Kore-eda, Le Grand Bain de Gilles Lellouche, The House That Jack Built de Lars von Trier ou encore Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez.
2019 : Parasite, de Bong Joon Ho
Pas grand-chose à dire, vous l'avez tous déjà vu. Quel film mes amis ! Un trois en un parfait du début à la fin, qui mêle à merveille satyre sociale et thriller, horreur et comédie... du très très grand cinéma !
Dans notre shortlist cette année-là : Joker de Todd Phillips, Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino, Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, Marriage Story de Noah Baumbach, ou encore So long, My Son de Wang Xiaoshuai.