Été 85 : un Ozon solaire et léger, parfait pour les vacances

undefined 26 juin 2020 undefined 19h21

Louis Haeffner

Alexis, 16 ans, bronze en slip sur un frêle esquif emprunté à un ami. La journée est belle, il se sent merveilleusement bien, il s'endort. À son réveil, le ciel a changé de couleur, un orage menace. Paniqué, il tente de rentrer au bercail, mais son inexpérience de skipper le mène rapidement au naufrage. Heureusement, il est secouru par David, 18 ans, qui l'invite chez lui se réchauffer.

C'est une histoire d'amour et d'amitié qui commence alors, dans laquelle les protagonistes, jeunes et confus, se lancent à corps perdu. Dès lors, on pourra reprocher à François Ozon de se laisse aller à un plaisir coupable ; en montrant ces deux jeunes hommes à moto, à la fête foraine, en boîte de nuit, à la plage, bras dessus bras dessous, dans des blue jeans et des Converse All Star aux pieds, il peint une carte postale pop et romantique de la jeunesse des 80's, une image d'Épinal paradoxalement très à la mode. Mais comment lui en vouloir ? c'est tellement agréable... et puis les Cure, il faut le dire, c'est indémodable. 

Après une première partie presque entièrement faite d'excitation et de "cool attitude", le récit se complexifie quelque peu. Dans le fond d'abord, avec l'arrivée de l'orage au sein d'une relation jusqu'alors idyllique, puis du drame absolu ; dans la forme ensuite, puisqu'on comprend un peu maladroitement que ce qui nous est raconté à l'écran repose sur le travail d'écriture d'Alexis (chapeauté par un Melvil Poupaud comme à son habitude impeccable), une thérapie qui permet au jeune homme traumatisé de dire "avec ses mots" ce qui l'a amené dans le bureau de la juge qui ouvre le film. 

La boucle est donc bouclée, mais tout ça ressemble – et c'est très surprenant chez Ozon – quelque peu à du bricolage, comme pour justifier une absence de profondeur dramatique mal assumée. On se retrouve donc avec devant les yeux un film hybride, moitié romance pop, moitié drame initiatique, dont les acteurs (excellents Félix Lefebvre et Benjamin Voisin) ne nous auront fait vibrer que par leur talent et leur belle gueule, ce qui est déjà pas mal. 

Pas le meilleur des Ozon donc, mais une très chouette carte postale de vacances, à aller voir sans grandes espérances mais avec un peu d'indulgence.