L'État est formel : les clubs doivent rester fermés… et près de 800 pourraient disparaître

undefined 15 juillet 2020 undefined 17h39

Lisa B


L’inquiétude ne cesse de grandir de jour en jour du côté des clubs et discothèques. Le gouvernement a en effet eu très peu de considération envers cette industrie durant la crise du Covid-19. Comme le soulignait très justement mon binôme dans un récent article, « en une demi-douzaine de discours, était-ce trop compliqué d’évoquer ces établissements qui font rayonner la nuit et le tourisme du pays ? ». Car oui, les clubs sont bel et bien les grands oubliés du coronavirus. Pourtant, la question se posait de savoir si les patrons auraient enfin la chance de rouvrir les portes de leurs établissements ce 10 juillet… mais comme vous pouvez le constater, ni vous ni moi n’avons pu retrouver nos dancefloors préférés le week-end dernier. Le Conseil d'État a en effet préconisé ce lundi 13 juillet une fermeture prolongée des discothèques.


Une fermeture des clubs prolongée ? "pas disproportionné" pour l'État

Pour eux, cette prolongation n’est « pas une exagération. Eu égard au caractère clos des établissements en cause, à la nature d'activité physique de la danse ainsi qu'à la difficulté de garantir le port du masque ou le respect des règles de distanciation sociale dans un contexte festif, il n'apparaît pas [que l'interdiction d'exploitation] revêt un caractère disproportionné », a expliqué le Conseil d'État le 13 juillet. De quoi rajouter une bonne dose de frustration et de colère du côté des acteurs de la nuit, qui ont du mal depuis la mi-mars. « On ne peut pas dormir sur nos deux oreilles parce qu'on est constamment dans l'attente de quelque chose ; on ne sait pas comment ça se passe pour le milieu et le futur fait très peur », nous expliquait par exemple Benjamin Charvet, cofondateur de Dure Vie et directeur artistique des clubs Badaboum et Panic Room, dans une interview qu'il nous avait accordée.


Des bars dancing autorisés, des clubs transformés en bar refusés

Ce qui fait monter la colère autant que l’incompréhension, c’est la réouverture des bars, autorisés à exploiter leurs salles intérieures pour y accueillir des DJ sets… et par extension des danseurs enivrés. Mais transformer des clubs en bars (c’est-à-dire meubler le dancefloor de tables et de chaises pour empêcher trop de laisser aller) ? Impossible, le danger serait bien trop grand chers clubbistes insouciants ! C’est d’ailleurs ce qu’a déploré l'avocat Henri de Beauregard, qui représente le Syndicat national des discothèques et lieux de loisir. « On laisse les bars faire la discothèque mais on refuse aux discothèques le droit d'exploiter en bar », a-t-il expliqué avant de continuer : « à l'heure ou l'on rouvre les stades, les salles d'entraînement aux sports de combat... Cette décision témoigne aussi d'une forme de défiance à l'endroit des discothèques ».


Un gouvernement qui se soucie peu de l'écosystème de la fête ?

Le gouvernement semble en effet faire très peu d’effort pour arranger cette situation devenue critique. Est-ce parce qu’il s’agit d’un milieu trop peu familier aux membres du Conseil d’État ? « J'étais un peu surpris de la non-connaissance de notre milieu, du manque de reconnaissance de personnes qui ne sont pas du tout impliquées pour nous. Je fais un contraste avec la Mairie de Paris, avec Frédéric Hocquard, Anne Hidalgo, Michel Pilot... qui sont des personnes qui ont vraiment mis un point d'ordre à ça, avec qui tu vas parler le même language quand on parle de fête, de rassemblement, de club, de festival. Et de l'autre côté, tu as l'État avec qui tu as l'impression de parler latin. Tu as senti à quel point ils n'y connaissaient rien, alors que les Français aiment la fête », expliquait Benjamin Charvet.


Près de 800 clubs pourraient mettre la clé sous la porte

Quoi qu’il en coûte, l’indignation est montée dans les tours ce dimanche 12 juillet, puisque les patrons des clubs ont décidé de se réunir pour lancer une grande manifestation à proximité du ministère de la Santé à Paris. La situation est en effet devenue insoutenable, et les risques de laisser les portes fermées sont bien trop grands, comme l’a très justement remarqué Matthieu Lebrun, porte-parole des gérants de discothèques de Normandie lors de cette manifestation ; « La moitié des clubs vont disparaître ». C’est environ 800 clubs et discothèques qui pourraient ainsi arrêter leur activité, si la réouverture officielle n’est proclamée qu’au mois de septembre. Ce qui – admettons-le – risque bien de se passer. Et encore… il faudra par la suite échapper à une seconde vague.