Article rédigé par Louis Haeffner
Quel est le meilleur moyen pour un film de marquer son époque ? S'en faire le reflet, évidemment, mais aussi mettre en scène des personnages forts, qu'ils soient beaux et attachants du côté des gentils ou ignobles et machiavéliques du côté des méchants. Et c'est justement là que James Cameron a été visionnaire : son grand méchant, la menace ultime qui menace les Na'vi, n'est autre que l'espèce humaine dans sa globalité, certes représentée par un militaire extrémiste complètement possédé, mais qui appartient à cette espèce malgré tout.
Avec Avatar, un tournant s'opère donc non seulement dans le genre de la science-fiction, mais également dans la manière qu'on a, nous humains, de raconter des histoires. Sur Pandora, nous ne sommes plus les pauvres autochtones envahis par des aliens plus puissants et évolués technologiquement, mais les envahisseurs violents et barbares venus imposer leur civilisation à coups de lance-flammes au sein d'une nature qui, là, sur cette planète qui n'est pas la Terre, ne fait qu'un avec ses habitants. Vous la sentez poindre la satyre écologique ?
Bien sûr que vous aviez capté, mais rien d'étonnant à cela vous dites-vous. Et aujourd'hui vous avez raison, c'est normal, la question étant enfin devenue centrale dans à peu près tous les secteurs de l'activité humaine – à part la plus importante, la politique, semble-t-il. Mais il y a de cela 13 ans ? Etait-ce si répandu ? La réponse est non, et on peut dès lors affirmer qu'il fallait être doté d'une sacrée vision pour créer un tel paradigme. Voilà pourquoi James Cameron est si fort : ce type voit le futur, comme certains de ses illustres prédécesseurs, Isaac Azimov ou Philip K. Dick en tête.
Au final, qu'est-ce qu'Avatar nous dit ? Qu'on est des parasites incapables de préserver notre habitat et aux velléités impérialistes nocives aux autres habitants de l'univers ? En gros oui, et le pire, c'est que pour l'instant et après visionnage du second opus La voie de l'eau, il n'existe aucune piste menant à la rédemption. La catharsis, par contre, fonctionne à merveille, surtout quand on voit les humains se faire dûment éclater par les Na'vi. Visionnaire, on vous disait…
Avatar : la voie de l'eau, de James Cameron
Sortie le 14 décembre