Cannes 2023 : Top 5 de nos plus grosses attentes

undefined 10 mai 2023 undefined 17h46

Pierig Leray

Le gueuleton cinéphile de l’année est de retour, et avec lui son lot de promesses (un film surprise présenté par Tarantino à la quinzaine des cinéastes), de scandales (le film de Catherine Corsini Le retour, et des plaintes pour harcèlement sexuel sur le plateau de tournage), de surprises (la der des der de Godard avec un court-métrage de 20 minutes), et d’agacement (Ruben Östlund en président du jury). Mais toujours, une excitation intacte de se prendre 1 an de ciné en 10 jours. Comme chaque année, l’équipe du Bonbon défilera sur la croisette — et rarement en smoking, pour vous faire vivre quotidiennement le festival à travers des chroniques écrites et vidéo. En attendant le coup d’envoi mardi 16 mai prochain (avec en maîtresse de cérémonie Chiara Mastroianni), retour sur les sélections par un top 5 de nos plus grosses attentes.


1. Rapito (L’enlèvement) de Marco Bellocchio (En compétition)

À l’origine de la plus belle série de l’année (Esterno Notte, disponible sur Arte), et récemment du saisissant Le Traitre, présenté également à Cannes en 2019, le roi du cinéma italien est de retour, et les premières images d’un trailer déjà disponibles sont vertigineuses de beauté. Tiré d’une histoire vraie, Rapito parle d’un jeune garçon de 7 ans enlevé de sa famille par l’église catholique en 1858, pour une éduction stricte dans une Rome papale remise en question par l’opinion publique. Cela s’annonce brutal, et surtout majestueux dans sa forme. Et qui sait, Bellocchio pourrait devenir l’heureux successeur de la dernière Palme d’or italienne, en 2001 avec La chambre du fils de Nani Moretti, lui aussi en compétition cette année avec Vers un avenir radieux


2. Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese (Hors-compétition)

7 ans depuis le dernier film projeté en salle de Martin Scorsese (et le très sous-estimé Silence), entre-temps, il y a eu son Irishman sur Netflix, film fleuve galvaudé par la plate-forme. Même s’il sera par la suite disponible sur Apple plus, celui-ci sera bien en salle le 18 octobre en France. Et un duel monstrueux se profile entre Léonardo DiCaprio et Robert De Niro, dans cette enquête du début des années 20 qui parlera d’expropriations des terres amérindiennes pour une question de pétrole retrouvé dans leurs terres natives. 3h26 d’un très long plaisir, on imagine et espère.


3. The Zone of Interest de Jonathan Glazer (En compétition)

Il est attendu au tournant. Après le merveilleux Under the Skin, film à mi-chemin entre la science-fiction et l’horreur avec une Scarlett Johansson en extra-terrestre qui pénétrait les corps des victimes, puis deux courts-métrages passés inaperçus, Glazer signe son grand retour avec The Zone of Interest. Peu d’images, mystère total, on sait le film tourné à Auschwitz et parlant d’une histoire d’amour dans le camp de la mort. Pas grand-chose d’autre, ce qui entretient un voile d’excitation immense.


4. Occupied City de Steve McQueen (Séances spéciales)

Par son parcours atypique de cinéaste passant d’abord par l’art contemporain et l’expérimental, McQueen s’est désormais installé comme une figure exquise du cinéma britannique. On se rappelle avec malaise son regard sur la dépendance sexuelle (Shame), avec émotion sur l’esclavagisme (12 years a slave), avec passion sur le féminisme (Les veuves). Son dernier film, Occupied City, tiré d’un ouvrage de Bianca Stigter, racontera des histoires personnelles et intimes dans le Amsterdam occupé lors de la Seconde Guerre mondiale. Excitation totale d’en découvrir la forme et le propos, dans un long-métrage qui tirera pas loin des 4 heures.


5. Conann de Bertrand Mandico (Quinzaine des cinéastes)

Figure de proue du cinéma underground français, Mandico est sorti de sa tanière expérimentale foisonnante d’idées organiques et de bricolage old-school avec le fabuleux After Blue sorti l’année dernière, un film qui a acté la faisabilité de son cinéma sur du long (malgré la première réussite relative des Garçons sauvages en 2018). Il débarque à la Quinzaine côtoyer Michel Gondry (qui présentera son nouveau film avec Pierre Niney Le livre des solutions) avec sa Conann, figure féministe de Connan le Barbare dans une épopée lyrique entre cauchemar vaporeux et réalité venimeuse. Ça s’annonce fou.


On aurait aussi pu citer les pontes cannois en sélection officielle (Wim Wenders, Ken Loach, Ari Kaurismaki, Kore-Eda), la nouvelle perle à la jaunisse de Wes Anderson (Asteroid City), un film d'Alex Lutz en clôture d’un Certain Regard (Une Nuit), Indiana Jones 5 ou encore le western en court-métrage de Pedro Almodóvar. Et tant d’autres.


Festival de Cannes 2023, à suivre du mardi 16 mai au samedi 27 mai