Le maestro Ennio Morricone est mort dans la nuit : hommage

undefined 6 juillet 2020 undefined 09h56

Louis Haeffner

Pour une fois, si j'avais su, je serais venu en noir au bureau. Tout en noir, comme Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l'Ouest, alors qu'elle enterre l'intégralité de ceux qui devaient être sa nouvelle famille, tués par l'impitoyable Frank (Henry Fonda) et ses hommes. Je viens de trouver la scène sur YouTube, et aux premières notes de la sublime et éternelle musique d'Ennio Morricone, les larmes me montent aux yeux, comme à chaque fois. Non seulement parce que ce qui nous est montré ici l'est fait avec une maestria incomparable par Sergio Leone, mais aussi parce que cette musique résonne en moi, à jamais, comme l'incarnation sonore de ce que doit être le cinéma : un balle de colt 45 tirée par un type sans scrupule coiffé d'un chapeau, qui nous touche en plein cœur et le fait exploser. 

De l'émotion pure, voilà ce que parvenait à retranscrire à l'écran Ennio Morricone. Ses morceaux accompagnèrent les pas des plus grandes stars du cinéma, des années 50 à nos jours, et constituent jusqu'à un témoignage – dont il faut s'enorgueillir – de la noblesse des sentiments humains. Ce n'est pas Robert De Niro qui dira le contraire :

Voilà, en deux extraits, ce qu'était la puissance émotionnelle de la musique d'Ennio Morricone. Dans un monde où les seules émotions qui nous étreignent quand on allume sa télévision sont la consternation et la tristesse, il est bon de se rappeler que nos semblables étaient capables de tant de beauté. À défaut d'en dire plus, ne nous reste qu'à passer la journée à écouter ses compositions, et à pleurer la disparition d'un authentique génie. Addio Maestro.