Festival de Cannes 2022 : les 5 films qu'on attend

undefined 16 mai 2022 undefined 12h00

Pierig Leray

Chaque année la même rengaine, on se promet de ne plus s’égosiller à l’annonce de la sélection, de ne pas jouer les jeunes pousses naïves à l’excitation maladroite, prendre du recul dans un monde qui n’en a plus, calmer ardemment sa frénésie cinéphilique… et puis, Frémaux débarque et l’on tremble comme une feuille morte. Les salles sont vides, les chiffres sont exécrables, le streaming transforme le paysage cinématographique en abaissant son exigence, la critique se passe sur YouTube dans un combat de caniveau, Marvel devient le seul débat qui compte. Et dans ce torrent de misère, le Festival de Cannes s’image plus que jamais en sauveur inépuisable du cinéma, outil formidable et inespéré d’une communication pro-salle terriblement manquante. Après une dernière édition époustouflante et la Palme au formidable Titane (abandonné dans son propre pays qui l’a snobé, faut-il le rappeler), Cannes revient cette année à ses fondamentaux en réimposant les padres de la Croisette (Dardennes, Mungiu, Kore-Eda, Gray, Cronenberg, Desplechin, Chan-Wook) face à sa jeunesse rebelle (Dhont, Serebrennikov, Serra, Abbasi) pour une guérilla à la Palme qui s’annonce, comme toujours, baignée d’incertitudes et de scandales.

 
1) La femme de Tchaïkovski de Kirill Serebrennikov

Auteur du plus beau film de 2021 – La fièvre de Petrov – déjà présenté l’année dernière, Serebrennikov est de retour ; et cette fois-ci, libre et sans bracelet électronique qui le bloquait en Russie. Il est aujourd’hui immigré à Berlin et sera donc bien présent à Cannes : un très grand moment à venir dans le contexte géopolitique actuel.

 
2) Les crimes du futur de David Cronenberg

Les premières images sont démentes, Léa Seydoux toujours présente au bon endroit, et un retour très attendu de Cronenberg dans ce qu’il sait faire de mieux : la terreur par la chair, le cauchemar dystopique, et toujours une lecture implacable des dérives modernes de notre société.

 
3) Decision to leave de Park Chan-Wook

Après sa trilogie vengeresse, Old Boy en tête, Chan-Wook revient avec, on l’espère, un film perturbant, thriller psychologique sombre et pénétrant comme il sait le mettre en scène. Stoker était un foirage de parcours, mais cette fois-ci, avec une sélection officielle, cela n’augure que du bon.

 
4) Le triangle de la tristesse de Ruben Östlund

Complètement conquis par The Square, pour lequel il avait obtenu la Palme en 2017, Östlund continue dans la géométrie émotionnelle, en passant désormais au triangle, filmant les dérives et débilités de notre société de l’écran avec, en héros, des influenceurs teubés après une fashion week.

 
5) Les bonnes étoiles d'Hirokazu Kore-Eda

Un autre détenteur de Palme, celle de 2018 avec Une affaire de famille, Kore-Eda, roi de la docu-fiction, et de cette capacité inouïe à filmer la dramaturgie familiale avec authenticité et force transperçante, revient clairement en grand favori cette année avec Les bonnes étoiles – histoire d’un enfant abandonné et son périple pour lui trouver une famille.

 
On n’oublie pas les sélections parallèles, avec en hors-compétition le dernier film de Georges Miller père des Mad Max (Three Thousand Years of Longing), dans un Certain Regard : Davy Chou et son Retour à Séoul ; dans Cannes Première : le formidable Emmanuel Mouret et le Don Juan de Serge Bozon avec Tahar Rahim notamment ; à la Quinzaine des réalisateurs : Men de Alex Garland ; et à la Semaine de la Critique, le premier long-métrage de notre protégée Céline Devaux, après son magnifique court Gros Chagrin, et le film de Jesse Eisenberg When You Finish Saving the World.