Marriage story, Noah Baumbach transcende le drame quotidien

undefined 11 décembre 2019 undefined 10h23

Louis Haeffner

Moi qui ai tendance à cracher sur les plateformes de VOD et à militer ardemment pour qu'on déplace plutôt ses fesses vers les salles de cinéma et leur programmation toujours passionnante, je suis obligé de reconnaître que Netflix tient là une petite merveille. Et j'étais bien content de pouvoir le regarder tranquille chez moi hier soir, j'avoue. 


L'histoire est toute conne, on ne peut plus banale : un couple divorce. Bon ok, pas n'importe quel couple, puisqu'il s'agit quand même de Scarlett Johansson et Adam Driver, peut-être le couple le plus glamour et le plus cool formé à l'écran ces 20 dernières années. Mais deux (très) beaux et (très) bons acteurs ne suffisent pas à faire un (très) bon film, sinon Mr & Mrs Smith aurait probablement été oscarisé. 

Ce qui rend le film de Noah Baumbach si bon et si apprécié, tant par le public que par la critique, c'est la douce mélancolie teintée de réalisme qu'il charrie avec une désinvolture qui ressemble à s'y méprendre à une forme d'évidence. Bah oui, divorcer c'est dur, ça fait mal, et c'est toujours une situation qu'on aimerait éviter, et parfois on aime encore l'autre, et si on ne l'aime plus d'une certaine façon, on l'aime toujours d'une autre, etc... Ah bordel ce que c'est compliqué, ce que c'est triste, mais transposé à l'écran par le réalisateur de Francès Ha, qu'est-ce que c'est beau !

Car si les acteurs brillent par leur talent et leur charisme physique, Adam Driver en tête, c'est bien l'écriture des dialogues qui donne au métrage sa dimension de film culte en devenir. En effet, que ce soit le monologue de Nicole résumant magnifiquement son histoire avec Charlie, celui de Nora Fanshaw (Laura Dern, époustouflante) apportant une lumière drôle et cynique sur le statut des femmes dans la société judéo-chrétienne, ou la discussion pleine de paradoxes entre Charlie et son avocat, tout ce qui sort de la bouche des comédiens sonne à la fois juste, spontané et édifiant

Noah Baumbach semble avoir un truc à lui pour montrer la fragilité de ses personnages, sans les rendre pathétiques et en les rendant d'autant plus attachants. On sent dans sa façon de filmer les visages, souvent d'assez près, toute l'admiration qu'il a, évidemment, pour ses acteurs, mais plus encore pour le genre humain.


Voilà pourquoi on aime tant ses films, car ils nous montrent que nous, derrière notre écran, on est aussi beaux et compliqués que ceux qui y vivent, l'espace de quelques heures.