10. Eureka de Lisandro Alonso
Film-monde en trois parties, tout explose avec Eureka, et notamment sa barrière narrative et temporelle dans un film qui dessine avec pudeur la perte et la souffrance, un sentiment profond de vide et d’abandon, puis, subitement, une spiritualité enfouie et animée par cette nature immuable aux confins des mondes. Une merveille.
9. La Zone d’Intérêt de Jonathan Glazer
Tout a été dit, tout a été écrit sur l’électrochoc de Jonathan Glazer, le hors-champ de l’ignoble, sa caméra à grand angle en observatrice vicieuse, sa puissance sonore, cette théâtralisation du mal et son tunnel temporel vers notre époque contemporaine, toujours aussi aveugle face à l’horreur qui, pourtant, s’affiche chaque jour à nos yeux refusant de voir.
8. La Bête de Bertrand Bonello
Poésie défaitiste sur l’intemporalité de l’amour, sa fuite, et cette peur viscérale de l’oubli, il y a dans La Bête cette grandeur esthétique lynchienne, cette dystopie cronenbergienne, mais surtout, l’immense sensibilité d’un Bertrand Bonello au sommet.
7. Mégalopolis de Francis Ford Coppola
Peut-être le plus grand film de stoner de l’Histoire ? Coppola rompt avec tous les préceptes hollywoodiens et son esthétisme normatif pour nous plonger dans un délire candide et pleinement assumé d’un film qui s’impose comme un tableau de maître en fin de piste, rien ne va, et pourtant tout fonctionne dans une litanie de magie et de grossier. Déjà culte.
6. Tótem de Lila Avilés
Tant de douceur et de délicatesse pour filmer la fin, la mort d’un proche, et le soutien sans faille d’une famille qui connaît déjà le destin d’un frère qui s’éteint. Peut-être nos plus chaudes larmes de l’année pour un film qui transperce le cœur.
5. Septembre sans attendre de Jonás Trueba
Trueba s’amuse avec le temps, joue de rupture et de répétition, filme ses obsessions dans une poésie de l’image et d’un montage dans le montage qui force l’admiration. Car la fin n’est jamais vraiment la fin, et une séparation ne l’est jamais vraiment, l’amour est éternel non ?
4. Ma vie, ma gueule de Sophie Fillières
Film posthume de Sophie Fillières, Ma vie, ma gueule est bouleversant en tous points, par la force d’interprétation d’Agnès Jaoui, sa candeur faite de jeux et de mots, d’un sens du rythme inouï, il n’y a qu’à se perdre, ici, avec elle, dans les méandres d’un esprit qui peu à peu, rejoindra le ciel.
3. In Water de Hong Sang-soo
Car ce qu’il y a de plus beau dans un film est sa fin, là où toute la dramaturgie s’élève et se conclut, là où les larmes souvent finissent par couler, là où le temps que l’on aurait aimé s’arrêter plus longtemps reprend doucement son cours au réveil des lumières de la salle. In Water, c’est l’histoire d’une fin, et son merveilleux parcours pour l’atteindre. Encore un coup de maître du Sud-Coréen.
2. Anora de Sean Baker
Dans cet anti-conte de fée, Sean Baker réussit l’insensé pari de filmer à la fois la libération, celle du corps de Ani, mais aussi sa prison, prisonnière de ce même corps et des relations toxiques avec les hommes où seules la violence et la quête de domination sont sources de pseudo-émancipation. Une belle Palme d’or cannoise, fougueuse et rebelle.
1. Miséricorde de Alain Guiraudie
Notre numéro un incontestable, c’est cette folle aventure burlesque aux confins des mondes, philosophique et forestier, où la mort rôde et domine les pensées, l’humour l’allège, une bizarrerie de tout instant qui laisse cette unique sensation de jamais vu, d’une interstice à découvrir, un mélange de genre rare qui impose Miséricorde comme un film unique.