Seules les bêtes, un excellent polar à la française, froid et implacable

undefined 4 décembre 2019 undefined 16h18

Louis Haeffner

Un matin, dans un coin perdu et battu par les vents du Massif central, une voiture est retrouvée vide, sa propriétaire disparue. Dominik Moll nous embarque dès lors dans une enquête qui va nous emmener plus loin que la simple logique le dicterait, dans un monde où la pauvreté n'empêche pas le désir de dicter sa loi. 


Vous vous rappelez de L'Effet papillon, ce film pas si bon que ça dans lequel Ashton Kutcher avait le don, en gros, de changer le présent en revivant le passé ? Eh bien là, dans Seules les bêtes, c'est pareil. Bon certes, sans Ashton Kutcher, mais l'idée-force qui sous-tend les deux récits est la même, c'est cette théorie toute ésotérique d'un lien universel existant entre toutes choses, résumée par cette phrase dite sur un ton menaçant et solennel par un marabout ivoirien : « le hasard est plus grand que toi ». 

Seules les bêtes

C'est ce même hasard qui va nous transporter de la grange d'un agriculteur perdue sur le Causse Méjean (Massif central) jusqu'à Abidjan, dans une grande pièce dont le seul mobilier consiste en des matelas posés à même le sol, sur lesquels de jeunes garçons, vissés à leur écran d'ordinateur, se font passer pour des jeunes femmes sexy auprès de lointains hommes frustrés, dans l'espoir de leur soutirer un maximum d'argent. 

Seules les bêtes

C'est encore le hasard qui lie les destins de ces cinq personnages, dont le quotidien tranquille les tient a priori éloignés des affres d'une vie hors de l'ordinaire, mais dont la courte histoire constitue à chaque fois un chapitre de plus, un nouveau point de vue à étudier au sein du grand livre de l'existence. Ainsi le métrage divisé, l'on se perd en conjectures pour élucider la disparition d'Evelyne Ducat, car à force de tirer le fil de la réalité de chacun, on démaille l'ouvrage à mesure qu'on se rapproche de la vérité. 

Seules les bêtes


Dominik Moll met un casting de grande qualité (Denis Ménochet, Laure Calamy, Damien Bonnard, Valeria Bruni Tedeschi pour ne citer qu'eux) et une mise en scène précise et coupante au service de ce polar froid et fataliste, donc la construction en chapitres accroche le spectateur autant qu'elle humanise le propos. Une référence du film policier à la française.