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Y’a quoi au ciné ? La sélection du Bonbon Nuit – Enfer et paradis

undefined undefined 8 mars 2023 undefined 15h56

undefined undefined 8 mars 2023 undefined 17h10

Pierig Leray


Si tu veux retrouver le paradis perdu : CHRISTOPHE… DÉFINITIVEMENT

Après 28 ans de silence, Christophe est de retour sur scène. Nous sommes en mars 2002, et son air indémodable de rockeur à voix fragile s’expose à juste distance sous le regard complice de Gonzales et Leccia. L’œil est empirique, le travail sur la lumière est empreint d’expérimentations visuelles, tout y est vaporeux, la carrure de cet homme indélébile transgresse le temps qui passe, un mystère impénétrable ; d’ailleurs, ses lunettes fumées ne tomberont qu’à une seule reprise, sans son accord, lors d’une séance de maquillage dévoilant son visage derrière le masque. Des répétitions aux lives (notamment celui de l’Olympia), de l’exigence au lyrisme intuitif, Christophe est immortel, son documentaire ne répondant à aucune question, un hommage sans en être, une déclaration sans mot, une sublime et indescriptible succession d’images immatérielles, vaste rêve et imagerie utopiste, flouté, ralenti, merveille d’un paradis retrouvé.

Pourquoi il faut y aller : Pour cette expérimentation visuelle passionnante posée sur la voix unique de Christophe
Mais d’un autre côté… Si tu n’as jamais crié Aline pour qu’elle revienne, passe ton chemin

Christophe… définitivement, de D. Gonzales-Foerster et A. Leccia
Sortie le 8 mars


Si tu veux revivre l’horreur par la photographie : À PAS AVEUGLES

Christophe Cognet a retrouvé les traces de photographies clandestines prises dans les camps de la mort nazis. Avec l’aide de spécialistes, et un travail d’investigation minutieux, il revient sur leurs traces, en tentant à son tour de positionner son regard à leur hauteur. Cognet acte l’héroïsme et la bravoure inouïe de ces photographes amateurs, l’image en geste de résistance jouant son rôle fondamental de transmission des atrocités nazis. Même si à la loupe, les interprétations demeurent et la vérité reste non élucidée, là n’est pas l’essentiel. La force du film naît de son procédé d’apposition de la photographie à la réalité contemporaine, le passé sur le présent, un décalque troublant qui filme le calme apaisé d’une nature vierge et nue des hommes sur l’horreur de leurs actions 70 ans auparavant. Au-delà du travail d’investigation, ce parallèle nous rappelle à quel point l’horreur du passé peut s’apposer en nouvelle réalité du présent.

Pourquoi il faut y aller : Au-delà de son investigation prenante, c’est cette application des images d’époque à la réalité d’aujourd’hui qui intrigue.

À pas aveugles, de C.Cognet
Sortie le 8 mars


Si tu veux croire au sentimentalisme face à la violence : UN VARÓN

C’est l’histoire d’un jeune homme, androgyne, qui doit jouer les caïds dans un foyer d’orphelins à Bogotà, feinter le varón (le "mec") pour gagner le respect, de la coiffure au ton de sa voix, il se laisse grimer en gros bras alors que son visage poupon ne cesse de le trahir. Il ne veut pas faire partie de ce monde, lui qui pleure sa solitude (avec une sœur absente et prostituée, une mère en prison), mais personne ne lui donne le choix, sa destinée a acté sa nature, ici, pas de place au sentimentalisme, encore moins à la question du genre (brillamment mise en scène par touches suggestives, son pied juxtaposé à côté d’une chaussure à talon, une bouche dessinée au rouge à lèvre sur un miroir, un soutien-gorge observé). Et c’est ce qui émeut, ce faciès de bambin, cette voix à peine muée qui joue à celui qui ne sera jamais dans le seul but de rompre avec sa profonde solitude. Et quel message final fracassant que de voir cette sensibilité émotive barrière d’intégration de ce monde dompté par la violence devenir finalement une force salvatrice l’empêchant de commettre l’irréparable. Et lui ouvrir, peut-être, les portes d’un futur.

Pourquoi il faut y aller : Car c’est rare de voir la violence de la rue et la pauvreté qui l’accompagne filmées avec le sens de l’espoir.
Mais d’un autre côté… Si court que la fin arrive presque trop tôt, et peut même couper une émotion naissante.

Un Varón, de F. Hernández
Sortie le 15 mars