Le samedi 9 novembre avait lieu le premier combat officiel de chessboxing en France, au Cabaret Sauvage. Les anglophones l’auront compris, l’objectif était de bourriner à la fois méninges et tempes. En pratique, il s’agit d’arriver le plus rapidement possible à l’échec et mat ou au K.O.
© Gabrielle Cézard
Ce jour-là, quatre matches se sont enchaînés à vitesse grand V. Les compétiteurs préparaient pour certains les championnats du monde qui se tiendront à Ankara, en Turquie, le 14 décembre prochain, et n’étaient clairement pas venus pour beurrer des biscottes. Pour l’anecdote, on doit l’invention de ce sport incongru au dessinateur serbo-croate Enki Bilal, qui le dépeint dans son album Froid Equateur en 1992, dernier tome de la trilogie Nikopol qui inspirera d’ailleurs le long-métrage Immortel, ad vitam qu’il réalisera en 2004, dans lesquels le chessboxing tient le rôle du « meilleur évaluateur de l’excellence de l’humain » et représente la « combinaison de l’intelligence suprême et de l’instinct animal ».
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L’autre père fondateur du chessboxing est un artiste néerlandais répondant au nom de Iepe Rubingh, s’étant fait connaître par ses performances sauvages dans lesquelles il bloque des carrefours à l’aide de rubans pour créer des embouteillages monstres.
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Le déroulé du match est le suivant : les adversaires alternent six rounds de quatre minutes aux échecs et cinq rounds de trois minutes à la boxe. Pour les petits rigolos qui tenteraient d’ironiser sur l’improbabilité du sport, sachez que reprendre une partie d’échecs après une série d’uppercuts n’est pas à la portée du premier venu. Sur le ring, les profils des combattants sont ultra-hétérogènes : des débutants Paul Ducher et Kevin Guedj qui faisaient leurs gammes et participaient à leur premier combat officiel, à Wilfried Hoareau, vice-champion du monde de boxe thaï venu se mesurer dans la catégorie poids super-lourd, en passant par le Nîmois Thomas Cazeneuve, champion du monde 2017 de la discipline.
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Une devise unit les 200 pratiquants de ce sport hybride recensé par la fédération francaise de chessboxing basée à Montpellier : mens sane in corpore sano, « un esprit sain dans un corps sain », une maxime qui donne à ce sport au premier abord loufoque toutes ses lettres de noblesse.