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Gentlemen's Club ou comment le photographe François Prost met la nuit au goût du jour

undefined undefined 21 mai 2021 undefined 12h31

undefined undefined 8 juin 2021 undefined 16h37

Margaux Polizzano

Après nous avoir mis en émoi avec sa série After Party sur les devantures de boîtes de nuit française très kitsch, François Prost revient avec une nouvelle série : Gentlemen’s Club. En 2019, lors d’un voyage dans le sud des États-Unis entre la Floride, le Texas, le Nevada et l’Arizona, le photographe s’aperçoit des similitudes qu’il existe entre les clubs de strip-tease américains et les clubs kitsch français. Naît alors ce projet, entre clichés et témoignages de la société américaine. Le livre est édité chez Fish Eye Gallery. Pour l'occasion, on avait posé quelques questions à son créateur.

 

Le Bonbon Nuit : Comment t’est venue l’idée de cette nouvelle série de photos ?
François Prost : En fait, c’est plutôt une suite du projet After Party qui consistait à faire une série de photos de devantures de discothèques en France, de jour. Donc c’est un projet que j’ai commencé un peu sans ambition et petit à petit je m’y suis pris. Dès les premiers retours, les gens pensaient que c’était pris aux États-Unis, puisque c’est vrai que ces lieux sont très inspirés de la pop culture, du loisir américain – dans les noms notamment. Donc je me suis dit qu’il fallait que j’aille voir par moi-même ! Un peu comme un pèlerinage.

 
Comment s’est passé le voyage ? 
Autant en France, je pouvais faire ça quand je voulais, autant aux USA, j’ai dû surorganiser le truc. Une fois là-bas, j’ai été déçu par les discothèques, par rapport à la France où l’architecture était vraiment originale. […] Je suis tombé sur des strip clubs, je me suis dit : « Je vais faire ça ! » C’est un peu des lieux de sortie, ça parle aussi de sexualité, des rapports de genre, de la place de la femme, étant des lieux principalement destinés aux hommes. 

 
Justement ces lieux de nuit, pourquoi les photographies-tu de jour ?
C’est plus un concept de base qui est né sur mon premier projet : qu’est-ce que sont ces lieux de nuit le jour ? C’est une manière de "décultifier" tout ce truc autour de la nuit, de ces lieux un peu sulfureux. Ça enlève complètement cette espèce de couche de maquillage du fantasme, donc je trouvais intéressant d’éclairer ces endroits à la lumière du jour, à l’opposé. Presque une étude sociologique. Pour les strip clubs, ils sont ouvert en journée et c’est plus glauque que la nuit. Les voir de jour, ça les rend plus "objectifs", hyper sobres et on se dit bon, voilà les lieux aujourd’hui, où les hommes vont voir des femmes danser, un peu comme du bétail, c’est ces lieux-là et ça dit quelque chose du pays et de la culture du pays. 

Est-ce volontaire de ne jamais prendre de présence dans tes photographies ?
Ouais, je dirais que c’est plus un choix artistique, dans le sens où si tu mets des gens dans ton image, elle va dire autre chose. L’idée, c’est vraiment de se concentrer sur l’architecture et sur les symboles, les enseignes, les décors. Les gens, ça polluent un peu le sujet principal, qui est vraiment l’architecture. T’as aussi le côté des voitures américaines qui raconte un truc sur le pays. C’est des gros clichés, mais c’est tout à fait assumé. 

 
As-tu une photographie préférée dans cette série ?
Plusieurs… En fait, une photo que j’aime bien, bon, elle est un peu vulgaire, mais c’est celle de Las Vegas avec une voiture de sport bleu et le nom Tottaly Nudes. C’est une image assez forte parce que c’est très beauf, mais ça dit quelque chose sur Las Vegas. Sinon, contrairement à After Party, j’ai pas forcément une image préférée.

François Prost sera présent du 4 au 11 juillet à Arles, à l’occasion de la semaine d'ouverutre du Festival des Rencontres de la Photographie afin d'exposer ses photographies et de dédicacer son livre qui sera mis en vente fin juin sur le site de Fish Eye.