Laurent Garnier publie une lettre à l'attention de Roselyne Bachelot sur son site

undefined 26 octobre 2020 undefined 20h15

Lucas Javelle

La nuit ne va pas mieux, mais pire. Alors qu'à l'étranger, les études et chiffres se rejoignent de plus en plus sur le même constat – un à deux tiers de l'industrie musicale pourrait mourir cet hiver –, en France, le millieu est alerte sans pour autant avoir plus de visibillité sur son avenir. Parmi les principaux concernés, le DJ Laurent Garnier s'est manifesté ce lundi 26 octobre sur la page d'accueil son site Internet à travers une lettre adressée à la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Un témoignage poignant sur une réalité difficile.

 
« Je ne sais plus très bien si je suis un artiste du spectacle mort, de l'intérieur ou pas un artiste du tout. »

« C’est étrange car en tant que Officier des Arts et des Lettres, Chevalier de la Légion d’Honneur [...] je pensais bêtement que les choses avaient évolué et qu’avec mes petits camarades platinistes nous avions dignement gagné notre statut et notre ticket d’accès au "monde de la culture". Mais force est de constater qu’apparemment ce n’est toujours pas le cas. » Si Laurent Garnier parle à la ministre de la Culture, il rappelle néanmoins ce qui est l'image même d'un problème dans ce système : le monde de la nuit relève de l'autorité du ministère de l'Intérieur, et non de la Culture.

« Le manque flagrant de considération, l’ignorance émanant de votre ministère envers le secteur de la nuit et des clubs est clairement interprété par beaucoup d’entre nous comme une forme de mépris incompréhensible. [...] J’étais, madame la ministre, sincèrement attentif et bienveillant quant à votre prise de fonction, impatient mais certain de vous voir nous représenter au même titre que les autres artistes, et affirmer le minimum de considération dû à notre secteur. Mais j’avoue qu’aujourd’hui, ne sachant plus très bien si je suis un "artiste du spectacle mort" un "artiste de l’intérieur", ou "pas un artiste du tout" je commence à avoir de sérieux doutes. »

Plus un constat qu'une demande, la lettre de Laurent Garnier rappelle la souffrance du monde de la nuit et de ses acteurs, laissés pour compte par l'autorité compétente et ignoré de la Culture. Si l'espoir d'un changement avait eu lieu avec l'arrivée du gouvernement Castex, la situation n'a toujours pas évolué pour ce milieu.