Reportage : Retour sur deux jours électriques au Voltage Festival

undefined 17 septembre 2021 undefined 16h10

Noémie Blondeau

Le célèbre adage pourrait facilement se transformer en « festival pluvieux, festival heureux » après ces deux jours de teuf intenses passés sous les torrents d’eau à Zwevegem, à quelques kilomètres de Lille, les 7 et 8 août dernier.

 
Le Voltage what ?

Pour celleux qui n’ont pas encore eu l’occasion de vivre l’expérience démentielle du Voltage – ce à quoi on vous conseille fortement de remédier l’année prochaine –, retour sur la recette simple, mais terriblement efficace de ce festival belge en passe de devenir une référence absolue. Depuis 2015, les équipes du Voltage ont posé leurs valises sur l’iconique site du Transfo, ancienne centrale électrique, afin de nous en mettre plein les oreilles dans un cadre des plus industriels ; juste pour le plaisir des yeux. Mais, ce qui fait avant tout la qualité de cet évènement, c’est bien son line-up, composée à la fois de têtes d’affiche internationales et de DJ’s localeaux, tout aussi talentueux·ses. Chaque année, des collectifs et autres clubs sont invités à hoster les 3 scènes du festival, ce qui instaure une réelle ambiance propre à chaque stage.

Trêve de politesses, revenons sur cette sixième édition du Voltage, qui m’a fait vivre le plus beau week-end de mon été, non pas en termes de météo vous l’aurez compris, mais de bon son et de rencontres inattendues.


© Oriol

Des espaces grandioses et très bien organisés

Les images des éditions précédentes annonçaient déjà du lourd pour les décors et l’organisation des espaces, mais j’étais loin de m’imaginer quelque chose d'aussi impressionnant. Une fois passée les grilles d’entrée, on se retrouve sur une sorte de village à taille humaine, partagé entre un coin food trucks – et pas n’importe lesquels, mention spéciale au burger poulet tandoori –, le bâtiment de l’ancienne centrale électrique tout de briques rouges vêtue avec son imposante cheminée, plusieurs bars, un coin détente... et les trois fameuses scènes Diode, Anode et Rotor, toutes extérieures. Mon seul regret est de ne pas avoir pu fouler de mes pas de danse la scène Turbine, habituellement installée à l’intérieur de la centrale, mais fermée cette année à cause du Covid.

Et comme nous étions installés au camping, je tiens également à saluer l’installation d’un bar et d’un food truck à proximité ainsi qu’une organisation des plus millimétrées. Malgré la gadoue qui a légèrement perturbé notre programme, l’ambiance y était aussi très (très) sympathique.

 
Un enchaînement de sets mémorables et des hosts de folie

L’excitation était palpable dès mon arrivée le samedi midi, dans ce qui allait devenir une véritable arène de danse, partagée entre des mouv’ toujours plus saccadés et explosifs. La line-up de cette année était tellement alléchante sur les trois scènes que des choix se sont imposés entre des artistes toujours plus talentueux. Mon périple a tout naturellement commencé sur la Diode stage, gérée le samedi par le collectif français Possession – qu’on ne présente plus. Je suis restée plusieurs heures sur cette scène aux allures post-apocalyptiques et à l’ambiance plus qu’électrique. Après une mise en jambes sur le set très qualitatif de Parfait, j’ai littéralement frôlé la transe sur les performances puissantes de Schacke, Inhalt der Nacht et SPFDJ, qui a fini en beauté mon marathon sur cette scène. Inutile de préciser que ni la pluie ni les orages ne nous arrêtent, festivaliers en manque de rave que nous étions. J’attendais avec impatience le B2B de Blawan et de Pariah sur la scène Anode, tenue par le Kompass Klub de Gand et, le moins que l’on puisse dire, c’est que je n’ai pas été déçue. Dès la nuit tombée, aux alentours de 21h, le célèbre producteur de "Why They Hide Their Bodies Under My Garage?" et son acolyte nous ont livré un des meilleurs sets du festival à mes yeux, mêlant sonorités puissantes et envolées tout en finesse sous la structure métallique de la scène, bardée de néons rouges et bleus. Le closing de cette première journée a été réalisé avec brio par le célébrissime Len Faki, qui nous a encore livré une masterclass grâce à un set éclectique comme il en a le secret.


© Len Faki par Ruben Van Vreckem

Après une courte nuit au camping, me revoilà sur pied pour attaquer la deuxième et dernière journée de festival. Comme en 2019, la scène Anode, gérée par le collectif Rimbu a revêtu une déco jungle tropicale qui donnait une certaine ambiance, entre les pluies diluviennes et les éclaircies auxquelles on a eu droit. Première grosse claque de la journée : le belge Kr!z qui m’a totalement transportée en ce début d’après-midi sur la Diode stage, hostée par le célèbre club bruxellois Fuse. J’ai ensuite fait un petit détour sur la Rotor Stage, qui accueillait les artistes du label du festival, et j’ai pu assister à une partie du set de Parallel Circuit ; une belle découverte. J’ai ensuite vogué entre SNTS et Identified Patient, même si j’ai un peu moins apprécié le set du premier. Le temps du closing venu, je me suis retrouvée dans un véritable dilemme entre Ellen Allien et Body Sushi, l’association de VTSS et de Randomer... J’ai décidé d’aller d’abord voir la première, car je n’avais pas encore eu l’occasion de la voir jouer et j’ai pu constater l’étendue de son pouvoir hypnotique. Difficile de m’arracher aux griffes de ses sonorités futuristes, mais je me suis quand même raisonnée pour finir en beauté ce festival avec la performance de ce duo prometteur. Je n’ai pas été déçue car les deux prodiges ont livré un set inattendu avec des touches de transe, et surtout des sons ravy, ce qui manquait un peu dans le reste du line-up.

 
Un accueil et une ambiance au beau fixe

J’ai été très bien accueillie par une équipe du Voltage bien plus qu'au top – mention spéciale pour Rosalie et sa bienveillance ! Dans le public, même combat : entre les festivalièr·e·s, c'est détente et respect, elleux qui semblaient tou·te·s être super heureux·ses de pouvoir enfin danser après des mois et des mois de privation, ce qui a permis une certaine cohésion entre nous tou·te·s et beaucoup d’échanges. La taille réduite du festival favorise vraiment les rencontres, ce qui me donnera l'occasion de croiser Mathilda Meerschart, cofondatrice de Possession, et lui poser quelques questions sur leur expérience au Voltage et la suite de leurs aventures.

Comment s’est passé la sélection des artistes pour cette édition du festival ? Est-ce que c’est la première fois que Possesion participe au Voltage ?
On avait déjà une scène en 2019 et on devait faire l’édition 2020, mais avec le Covid, elle a été forcément annulée. Du coup on a gardé les mêmes artistes qu'on avait prévu·e·s l’année dernière. Le Voltage, c’est vraiment un festival de copains, à taille humaine du coup ; les discussions sont assez fluides. On propose des artistes à l’équipe et comme on a peu près les mêmes goûts, c’est très facile. En plus, faire venir un collectif français au festival, ça permet justement de faire venir plus de festivaliers français et allemands notamment, car Possession commence à être pas mal connu à l’international.

C’est le seul festival que vous ayez fait pour l’instant ?
On a fait le Monasterio à Moscou en juin et on a plusieurs autres dates prévues à partir de septembre si tout se passe bien. Le festival Utopia à Marseille les 24 et 25 septembre, l’ADE à Amsterdam en octobre, mais aussi une Boiler Room à Londres en octobre...

J’ai vu que vous faisiez de plus en plus de soirées à l’étranger, notamment en Europe de l’Est : est-ce que ça fait partie de vos priorités désormais ?
On a une vraie volonté de développer nos soirées à l’étranger, c’est vrai. On avait une tournée internationale de prévue qui devait passer par New York, Montréal, Milan, la Turquie... mais malheureusement ça a été annulé. Les dates américaines sont reportées en 2022. On est aussi en train de créer des résidences dans les clubs européens, pour l’instant c’est prévu en Suisse, en Pologne, mais aussi à Amsterdam et à la Boiler Room de Londres. Le but, c’est vraiment de redorer l’image des soirées parisiennes, de faire encore mieux que ce qu’on a fait depuis le début. On a reçu pas mal de critiques ces derniers temps et on le comprend, on a commencé à grossir rapidement et on s’est un peu reposé sur nos acquis, mais là on a vraiment prévu des events incroyables. La Boiler Room de Paris en décembre risque d’être vraiment incroyable.

Oui justement j’allais t’en parler, il y aura combien de personnes à peu près ?
Ah ça je te le dirai pas (rires) !


© Ruben Van Vreckem

Vous l’aurez compris, j’ai vraiment été séduite par le festival, et je compte bien revenir l’année prochaine pour enflammer une nouvelle fois les scènes du Voltage.