Quel était le cahier des charges, visuellement, pour cette tournée ? Quelles étaient les envies du groupe ? Les tiennes ?
Les contraintes étaient plutôt techniques, économiques et écologiques, nous voulions éviter toute construction à devoir déplacer entre les continents, mais plutôt trouver localement le matériel nécessaire, avoir un dispositif le plus grandiose possible qui ne nécessite pas beaucoup de camions sur la route, qui puisse s’adapter facilement aux différentes capacités de salle. Avec Phœnix on peut passer d’un énorme festival à un club, un plateau télé et une arena la même semaine… Une première idée avait été retenue mais nous craignions de manquer de puissance, notamment dans les festivals extérieurs, je me suis alors remis à plancher et l’idée de "l’opéra digital" est sortie quelques semaines avant la première. Le groupe avait envie d'une mise en scène et de décors réalistes tout en utilisant un support vidéo ; de mon côté ce qui m’importait le plus était de cacher un maximum la technique et de pouvoir cadrer la scène, c’est ce que nous avons fait en remplaçant tous les morceaux de tissu noir qui cachent habituellement les coulisses d’un théâtre par des écrans vidéos !
Comment est-ce que vous avez travaillé concrètement ? À quel point le groupe était-il impliqué ? Ils avaient une idée précise ou ils te laissaient le champ libre ?
Une fois la scénographie validée, l’écriture du show a suivi. Nous faisions un point parfois tous les jours avec Thomas depuis New York, Chris, Branco et Deck au Louvre à finir l’album et moi dans mon studio de Lyon. Chacun d’entre eux a énormément d’idées, et ils sont quatre ! Mon rôle était surtout de rassembler les pièces du puzzle entre les visuels, les idées de mise en scène et la musique, d’inclure un show lumière impactant, d’être en lien avec graphistes, prestataires, techniciens et parfois de devoir essayer de stopper des idées trop ambitieuses. Je travaille avec plusieurs logiciels qui permettent d’avoir un rendu du spectacle très proche de la réalité, qui nous permet de valider en amont certains tableaux, de vérifier que le public où qu’il soit ait une bonne visibilité, etc.
Visuellement, on a l’impression d’avoir quelque chose de massif, de coloré, mais de simple, d’épuré. C’est comme ça que tu vois le groupe ?
J’aime l’idée que ça paraisse massif sans être tape-à-l’œil, que l’on utilise le dispositif à bon escient. Oui, à l’image de Phoenix, ils sont exigeants et perfectionnistes autant que reconnaissants et humbles.
Les clins d’œil à Versailles, c’est totalement assumé ou c’est à prendre avec humour ? Ça fait son effet aussi dans d’autres pays ou ça marche particulièrement en France ? Faut-il comprendre que le groupe est fier de ses origines même s’il ne chante jamais en français ?
C’est totalement assumé et cela fonctionne tout aussi bien aux États-Unis, on est tous fiers d’exporter un peu de France dans le monde entier.
Comment expliquer l’apparition du personnage masqué sur scène et dans le public ?
C’est une bauta de Venise. C’est un running gag qui revient plusieurs fois dans le show, un clin d’œil à l’opéra.
Comment se sont passées ces deux dates à l’Olympia pour toi ? Pour le groupe ?
Les dates à Paris sont souvent stressantes, comme à Los Angeles ou New York parce qu'il y a beaucoup d’artistes et de médias présents. On croise les doigts pour que tout se passe bien techniquement, ça rajoute un peu de pression mais l’ambiance était incroyable, la taille de la scénographie était bien adaptée à l’Olympia et je sais que le groupe a adoré aussi !