Voilà une question que personne ne se pose tant cette idée semble débile. Faire la fête avec ses parents, c'est un peu comme votre oncle raciste qui affirme que certains réfugiés font du bien à la France, surtout quand ils grimpent des immeubles aussi rapidement qu'une voiture de flic sous gyrophare à l'heure de l'apéro. Mais après tout, pourquoi pas. Aucune idée n'est mauvaise en soi à condition d'être bien justifiée.
Je ne veux pas vous faire la morale, donc je ne jugerai pas qu'un adulte puisse endurer le fait de subir un Dj set techno dans un club minuscule avec comme seuls compagnons d'infortune des kids défoncés qui croient que faire la fête a une dimension libertaire. Non, la fête n'est qu'un puits aride qui n'amène que consommation infantilisante, perte de neurones et inefficacité chronique. Personne ne niera que la fête permet de quitter son train-train quotidien, mais est-ce que votre train-train quotidien ne serait pas un peu plus reluisant si vous arrêtiez de rentrer chez vous en Uber, complètement déchiré, prêt à vomir à tout moment, et à vous réveiller le matin à côté d'un.e inconnu.e dont vous ne vous rappelez même pas le prénom ?
Mes parents et moi à la sortie du Rex en 1997
En tout cas, je pense que vos parents n'adhéreraient pas à l'idée. Du coup, pourquoi vouloir partager avec eux vos pires actes de déchéance ? Récemment, un idiot de notre rédaction avait même esquissé les raisons qui l'avaient amené à teuffer avec son chat plutôt qu'avec des humains. Les chats sont ignoblement solitaires et, généralement, c'est vous qui les nourissez. Les parents, c'est tout l'inverse : ils vous ont gracieusement nourri toute leur vie mais vous demeurez, la plupart du temps, ignoble avec eux. Au milieu des parents et des chats, vous : un petit être qui troque son misérable salaire de pigiste pour quelques grammes d'évasion en carton. Mais pour maintenir toute l'objectivité journalistique qui incombe à ma fonction de rédacteur du Bonbon, pesons ensemble le pour et le contre.
Pourquoi faire la teuf avec ses parents, c'est ok
Vous aurez de bonnes bouteilles pour l'apéro
L'avantage d'être un.e daron.ne, c'est qu'on peut se payer les meilleurs alcools du supermarché, ceux qui sont tout en haut dans le rayon et que vous pouvez boire seulement quand votre pote graffeur (donc voleur) est de sortie avec vous. Vos parents ont de l'argent, utilisez-le à bon escient. Privilégiez le coûteux, l'arrogant et le tape-à-l'œil. Tirez à balles réelles sur tout ce qui vaut beaucoup d'argent.
Vous pourrez éviter de faire la queue
Peut-être que le physio croira que vos parents font partie d'un quelconque gratin mondain, ou quelque chose qui s'en rapproche. Et si vos parents sortaient, "à l'époque", il y a même de fortes chances qu'ils connaissent le patron de la boite, un vieux gars arrogant qui ne survit que grâce aux kilomètres de coke qu'il s'administre quotidiennement. Un Paris-Tokyo, mais à domicile. En quelque sorte.
Mon père et sa nouvelle copine
Vous leur avouerez tout, vraiment tout
Que vous avez arrêté la fac depuis trois ans pour répandre le love en free party, que vous leur piquez de l'argent pour mettre de l'essence dans votre camion qui vous sert à transporter votre système-son, que vous avez fait votre première fois dans leur nid nuptial parce qu'à l'époque vous aviez un lit superposé, que vous avez un enfant que vous n'avez jamais voulu reconnaître (hasard d'une teuf) et que vous avez surpris votre père en position horizontale avec une autre lorsque vous aviez douze ans.
Vous serez le héros de l'after
Celui qui a osé amener ses parents jusque-là. Avec tous les animaux dégénérés qui constituent le petit peuple des afters, vous apparaîtrez comme l'incroyable individu, terriblement ouvert d'esprit, jeune et fougueux. Vos parents, eux, recevront des fleurs et on les questionnera sur leur rapport à la déprime du lundi matin (voire du mardi pour les plus fragiles), sur leurs souvenirs éthyliques et les teufs les plus incroyables auxquelles ils ont assisté lorsqu'ils trempaient encore dans la rave party dans les années 90. Peut-être même que vous signerez des autographes et qu'on vous offrira des shots gratuits.
Vous vous réconcilierez peut-être avec eux
Car depuis un moment, vous avez l'âme rebelle. Fini les discussions inspirées sur la France du Général de Gaulle et son regard aiguisé sur la politique extérieure de la France, fini les débats infinis sur la manière dont Eric Zemmour pourrait mettre fin à ses jours, fini les embrassades du dimanche, une coupe de champagne à la main. Non, depuis que vous faites la teuf, vous êtes un zombie que plus rien ne traverse. Peut-être que vos parents devraient comprendre votre vie, tout compte fait. Et le meilleur moyen, c'est évidemment d'expérimenter la vie que vous vivez toutes les nuits. 
Ma team de gars sûrs
Pourquoi faire la teuf avec ses parents, c'est pas ok
Vous allez devoir leur présenter vos potes
Ont-ils vraiment envie de savoir que Charlotte est dépressive, accro aux médocs et qu'elle termine tant bien que mal sa L1 en psychologie, que Martin passe ses journées à repeindre des trains avec autant de motivation qu'un cracker de Stalingrad à la recherche de sa dose, que Samir n'a pas d'autre perspective d'avenir que d'errer de bar en bar à la recherche de dates pour passer des disques, puis de courir après des promoteurs qui ne le paient pas, et que vous, au milieu de tout ça, vous êtes un peu paumé ? Réfléchissez-y bien.
Vous verrez vos parents subir les pires techniques de drague de l'univers
Les soirées sont comme ça, les pires bolosses de l'univers se sentent pousser des ailes et estiment pouvoir exiger de vous que vous les suiviez dans les toilettes pour une petite gâterie. Pire, se faire toucher les fesses est un acte banalisé, autant en soirée hétéro que queer. Amener vos parents en soirée, c'est donc prendre le risque de les voir subir toutes les beauferies dont les nuits parisiennes sont capables. 
Ma daronne (à droite) a un level au-dessus de la tienne
Vos parents découvriront votre véritable nature
Un.e petit.e conn.e égocentrique qui troque ses ami.es contre un bracelet VIP. La journée, vous êtes une gentille personne, attentionnée, pleine de tendresse et naturellement joviale. Mais la nuit, dès que les sirènes de l'alcool, de la transpiration et des gens qui se collent résonnent en vous, tout ce petit personnage que vous vous êtes construit s'effondre et apparaît votre véritable être : une grosse ordure qui insulte les videurs, prend de la C dans les toilettes la porte ouverte, crache sur le comptoir du bar parce que le barman a foutu une paille dans votre Gin to et repars du club en VTC en faisant des gros doigts d'honneur à tous les passants.
Vous allez peut-être devoir gérer leur bad trip
Vos deux géniteurs ont cinquante piges minimum, votre daron n'a plus trop de cheveux sur le haut du crâne, votre daronne a carrément pris du poids, les deux se sont mis au yoga vinyasa, ont installé un petit potager urbain sur leur terrasse et se sont inscrits à un atelier pour apprendre à faire leur propre burratta. Ouais, ils deviennent vieux et s'en sont rendu compte. Voilà pourquoi ils vous ont proposé de vous accompagner dans une rave party en banlieue, histoire de danser un peu. Sauf qu'on leur a fait prendre un buvard et que, maintenant, ils se baladent tout nus dans le chill-out à la recherche de cèpes et autres champignons. Que faire ? 
Ce que je faisais avec mes parents back in the days
Vous n'avez aucun intérêt à faire ça
Si vous faites la teuf, c'est en partie pour les fuir, non ? Alors arrêtez d'avoir de mauvaises idées, trouvez-vous des potes valables, achetez de bons alcools, tout le reste, et apprenez à foutre le bordel dans une soirée sans l'aide de maman.