Le nouveau At The Drive-in nous rend ado à nouveau

undefined 26 avril 2017 undefined 02h00

Raphael Breuil

Tous les fans de l’époque d’ATDI ont aujourd’hui 30 ans. Eux en ont 40 bien tassés, et comme tout le monde, ils doivent payer des impôts. Alors le groupe le plus classe du monde, qui a splitté avec élégance en plein succès par peur du contrecoup, s’est réparti dans plusieurs formations psychées cultissimes, dont The Mars Volta. Ils reviennent aujourd’hui avec le groupe d’origine pour nous en foutre plein la gueule. Alors, ça fonctionne ou pas ?

Nous sommes en mai 2017. Macron est notre futur président, va être élu en large majorité contre le Front National, et ATDI revient. Ça ne vous rappelle pas un truc ? L’époque bénie qui a vu pousser vos premiers poils et vos premiers émois amoureux et politiques. 15 ans après, c’est la même merde. Et comme par hasard At The Drive-in revient !

Les deux chevelus de El Paso et leur équipe ne se sont pas coupé les cheveux et n’ont presque pas pris une ride. Sur scène on a pu les voir très en forme l’année dernière au Trianon. On attendait donc l’album. Gros gros risque pour eux, on le sent tous. D’une part parce que leur dernier opus Relationship Of Command était une usine à bombes difficile à surpasser, et qu’il est toujours très difficile de faire un album 15 ans après avec le groupe avec qui on s’est tant frité. Ce n’est pas Frank Black des Pixies qui vous dira le contraire. Même si ça peut faire des albums sympas, ils ne sont jamais extraordinaires.

Et c’est le cas ici, on ne vous le cache pas. Les titres n’ont pas l’efficacité et la rage des titres d’antan. On sent que les refrains ont été tellement travaillés que ça ne passe plus. Le côté touchant d’avant devient mièvre en 2017. Les premières écoutes sont cool, mais uniquement grâce aux riffs et à la prod d’Omar Rodriguez Lopez, le guitariste / producteur de l’opus.

Seulement, c’est At The Drive-in. Donc le simple fait d’avoir un nouvel album des responsables de Mars Volta et Antemasque nous oblige à vouloir par principe rincer l’album dans le métro, au boulot et au dodo. Et la magie prend. Il nous suffit d’avoir un peu la rage sur le monde politique, un nouveau coup de cœur amoureux, ou une ex qui revient pour se laisser attraper par la mièvrerie qui redevient tout à coup vachement touchante, comme à l’époque. On chante les refrains, on air guitar sur les riffs endiablés d’Omar, on fait chier ses voisons d’open space en tappant comme un forcéné sur la table comme on le faisait au lycée avec Relationship of Command. Et surtout on redécouvre comment écouter un album qui ne contient pas 12 tubes formatés radio. Et ça fait du bien. On n’écoute rien d’autre et on kiffe.

Les chansons à écouter absolument :

No Wolf Like The Present : Incisive, catchy, très très bonne intro d’album.

Governed By Contagions : Le premier single, dispo depuis un petit bout de temps. Excellente construction, petit pont avec un gimmick aux limites du néo metal, on est bel et bien dans du At The Drive-in, ils n’ont clairement pas fait le choix de la modernité, et c’est tant mieux !

Pendulum In A Pesant Dress : Très très bonne chanson. Bien construite. Refrain un peu cheesy, mais qui rentre. Et quand je vous parlais de petites amourettes, c’est cette chanson-là que vous fredonnerez en fumant des clopes à la fenêtre en pensant à elle (ou lui… que je suis macho !).

Torrentially Cutshaw : Du typique At The Drive-in : violence et joli riff de guitare. « Love you Omar and Cedric. »

Hostage Stamps : Petit chef-d’œuvre, placé stratégiquement à la fin. Quand on est repassé ado et qu’on est rentré dans l’album, on n’a qu’une envie, c’est de le remettre à nouveau !

Et d’aller les voir pendant leur seule date parisienne… à Rock en Seine !