L'un des grands photographes de l'esthétique transgenre s'expose à Paris

undefined 13 novembre 2019 undefined 17h52

Florin

Le Meat Market new-yorkais (anciennement quartier des abattoirs) était il y a une trentaine d'années l'équivalent nocturne du Pigalle de la même époque : un lieu malfamé pour le bourgeois bien nourri, où les minorités culturelles et sexuelles pouvaient cependant trouver refuge. Témoin privilégié de cette période, le photographe Simon Bocanegra (1949-2011) a été l'un des premiers à cerner les contours de l'esthétique transgenre. 


Mise en place à la toujours très sûre ICONOCLASTES GALERIE (20, rue Danielle-Casanova – 2e) par Christine Mingo – commissaire d’exposition et égérie du photographe –, 1989 NEW YORK MEAT MARKET se tiendra du 16 au 30 novembre (avec un vernissage le vendredi 15 novembre à partir de 18h). La responsable de la galerie, Cassandra Cobra, nous en dit un peu plus sur cette expo : 


Cassandra, peux-tu nous présenter le photographe Simon Bocanegra ?

Simon Bocanegra, ça faisait longtemps que je voyais son travail passer, notamment celui sur ses portraits de figures de la nuit dans les années 80 ainsi que de personnalités emblématiques tel Andy Warhol, Amanda Lepore et Vivienne Westwood pour ne citer qu'eux... Difficile de passer à côté de son taf quand tu t'es intéressé à la scène cold wave et punk française. C'est en faisant un travail d'archives d'images sur l'underground de l'époque que je suis tombée pour la première fois sur une de ses photos, celle de l'artiste Djemila Khelfa, qui est entre autre collaboratrice du magazine Façade et icône de mode... Des jeunes gens mödernes, So Young but so Cold... Simon Bocanegra savait capturer l'instant présent sans fioriture. Hors des stéréotypes, ses portraits comme des narrations d'une vie que l'on immortalise en un clic sont les témoins de bruit et de fureur d'une époque à la fois candide et décadente. 


Qu'est-ce qu'on va voir exactement à cette expo ?

Christine Mingo a choisi de nous montrer un angle précis et déterminant de son œuvre. En 89, Simon est à New York, plus exactement sur la 14e aux abords du Meat Market. Le quartier est alors le red light district pour les transsexuelles. C'est là qu'il fait la connaissance de Christine puis de Monet, Geneva et Epiphinny. Elles ont entre 13 et 17 ans, elles sont noires et toutes ont fui leur foyer familial. Elles sont à la merci d'une ville qui peut les faire disparaitre à n'importe quel moment. Pourtant ce sont elles, et plus particulièrement Christine, qui serviront de truchement à Simon où qu'ils aillent. Et ce sont dans ces lieux new-yorkais et sans que Simon ne le sache encore que Christine est devenue sa muse.


En quoi cette expo résonne-t-elle avec notre époque ?

À vrai dire je n'en sais trop rien. Il y a toujours eu des luttes, il y en aura encore, je ne sais pas si les choses ont/vont réellement changé/changer, ce n'est pas parce que les médias créent des reality shows, que la mode est au voguing, que cela veut forcément dire que les communautés sont écoutées. C'est un sujet bien trop sérieux pour parler de résonance dans le temps. Cette exposition n'est pas un argument dans un débat, c'est un constat.